Ces bactéries qui vont redéfinir le concept de maladies!

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Les personnes qui vivent ensemble possèdent un microbiome intestinal très similaire, ce qui pourrait avoir des répercussions sur la santé étant donné le rôle capital de ces bactéries dans le bon fonctionnement de l’immunité et du métabolisme.

Une des grandes révolutions de la recherche biomédicale des dernières années est la découverte que les centaines de millions de bactéries qui colonisent notre intestin (le microbiome intestinal) ne sont pas simplement des passagers opportunistes qui utilisent la nourriture qui transite dans l’intestin pour survivre. 

Bien au contraire, on sait maintenant que le type de bactéries présentes, leur diversité ainsi que les produits générés par leur métabolisme exercent une influence déterminante sur le fonctionnement adéquat de notre corps, en particulier au point de vue immunitaire et métabolique. 

Ceci est particulièrement bien illustré par le lien existant entre des débalancements du microbiome (dysbioses) et plusieurs conditions, incluant l’obésité, le diabète de type 2 et même certaines affections du système nerveux (dépression, Parkinson, déclin cognitif).

Partage de microbes

Une étude fascinante, récemment parue dans le prestigieux Nature, montre que la composition de ce microbiome intestinal évolue tout au long de notre vie et est fortement influencée par nos contacts sociaux1. Réalisée à partir de près de 10 000 échantillons de selles récoltées à l’échelle du globe, l’analyse a en effet révélé que la proximité des individus exerçait une énorme influence sur les types de bactéries qui constituent le microbiome intestinal :

1. La famille immédiate : lors de l’accouchement, notre mère nous transmet ses bactéries intestinales et nous conservons une bonne partie de ces souches bactériennes, même parvenu à un âge avancé (85 ans). Après l’âge de 4 ans, les enfants partagent le même nombre de souches microbiennes avec leur père qu’avec leur mère.

2. Nos colocataires et nos voisins : Vivre sous le même toit ou dans la même communauté favorise également le partage des mêmes souches bactériennes. Les personnes qui habitent ensemble, même si elles n’ont pas de liens familiaux, partagent environ 15 % de leur microbiome. De plus, les personnes vivant dans des ménages séparés d’un même village ont tendance à avoir plus de chevauchement dans leurs microbes intestinaux que les personnes de différents villages. En pratique, les chercheurs ont constaté que 97 % des personnes qui vivent éloignées les unes des autres (dans des pays distincts, par exemple) n’ont aucune souche microbienne commune, ce qui montre à quel point les contacts sociaux prolongés influencent la composition du microbiome.

Des maladies vraiment non transmissibles ?

Historiquement, on a toujours séparé les maladies en deux grandes classes : les maladies transmissibles, qui sont causées par des vecteurs bactériens ou viraux transmis d’une personne à l’autre (grippe, COVID), et les maladies non transmissibles, causées par des dérèglements biochimiques de la physiologie humaine (obésité, diabète de type 2, cancer).  

Un aspect fort intéressant de l’étude est que la forte transmission interindividuelle des souches bactériennes composant le microbiome signifie que certaines maladies non transmissibles qui sont causées par des dérèglements touchant ces bactéries pourraient avoir, au moins en partie, une composante transmissible.  

Ceci pourrait expliquer certains résultats surprenants montrant, par exemple, qu’avoir un ami obèse était associé à une augmentation de 57 % du risque d’être obèse soi-même2 ou encore que dans l’année qui suit le diagnostic d’un diabète de type 2, le conjoint voit également son risque de développer la maladie augmenté3

Puisque plusieurs études suggèrent que le microbiome intestinal participe aux dérèglements métaboliques sous-jacents à l’obésité et du diabète de type 2, cela soulève l’incroyable hypothèse que ces maladies pourraient avoir une composante transmissible. Si cela s’avérait être le cas, c’est un tout nouveau secteur de recherche très prometteur qui pourrait voir le jour. 

C’est là une véritable révolution scientifique de notre vision des maladies qui affectent l’espèce humaine.

1. Valles-Colomer M et coll. The person-to-person transmission landscape of the gut and oral microbiomes. Nature 2023; 614: 125-135.
2. Christakis NA et Fowler JH. The spread of obesity in a large social network over 32 years. N. Engl. J. Med. 2007; 357: 370-9.
3. Finlay BB. Are noncommunicable diseases communicable? Science 2020; 367: 250-251.

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