Voici pourquoi la consommation de cannabis ouvre l’appétit

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Une recherche récente montre que c’est l’activation biochimique d’un groupe de neurones impliqués dans la régulation de l’appétit qui est responsable des fringales provoquées par la consommation de cannabis.

Les effets psychotropes du cannabis sont dus à son contenu élevé en cannabinoïdes, le Δ9-tétrahydrocannabinol (THC) en particulier, qui entraîne des effets euphorisants, une désinhibition et un sentiment de bien-être.

La nature et l’intensité de ces effets psychotropes peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre, mais ils sont tous une conséquence de l’interaction du THC avec des récepteurs naturellement présents dans le cerveau qui utilisent des cannabinoïdes endogènes (les endocannabinoïdes) comme neurotransmetteurs.

Lors de la consommation de cannabis, l’absorption d’une quantité élevée de THC cause une surstimulation de ces récepteurs et la perturbation des signaux qui s’ensuit est responsable des effets caractéristiques de la drogue.

Gestion de l’appétit

Le rôle biologique du système endocannabinoïde va évidemment bien au-delà de sa participation aux effets psychoactifs du cannabis.

En pratique, il s’agit d’un mécanisme physiologique de base qui est apparu très tôt au cours de l’évolution de la vie animale (il y a environ 400 millions d’années) et dont la principale fonction est d’assurer le contrôle du métabolisme, en particulier tout ce qui touche à la consommation de nourriture (stimulation de l’appétit) et au stockage des calories.

Ce rôle important des endocannabinoïdes dans le contrôle de l’appétit explique d’ailleurs pourquoi la consommation de cannabis est généralement associée à une augmentation notable de la faim (les fameuses fringales) chez les personnes qui ont consommé la drogue.

Neurones de l’appétit

Curieusement, même si ce phénomène des fringales est connu depuis des millénaires, ce n’est qu’avec les résultats d’une étude récente que l’on comprend maintenant mieux les mécanismes impliqués dans cette stimulation de l’appétit. (1)

Dans cette étude, les chercheurs ont exposé des rongeurs à de la vapeur de cannabis et utilisé une technologie d’imagerie du calcium (similaire à une IRM cérébrale) pour déterminer les cellules cérébrales dont l’activité était modifiée par le cannabis.

Ils ont observé que le cannabis activait spécifiquement un groupe de cellules localisées au niveau de l’hypothalamus, soit les neurones qui produisent un neuropeptide appelé AgRP, impliqué dans la régulation de l’appétit.

La contribution de ces neurones aux effets oréxiques (qui stimulent l’appétit) du cannabis semble très importante, car l’injection d’un virus qui inactive spécifiquement ces cellules abolit complètement la hausse de l’appétit causée par le cannabis.

En plus de résoudre un vieux mystère, ces résultats pourraient également s’avérer utiles pour mieux comprendre certains désordres métaboliques.

On sait en effet que des débalancements au niveau des récepteurs aux endocannabinoïdes situés dans l’hypothalamus sont impliqués dans différents troubles alimentaires (obésité, anorexie, boulimie).

L’identification des mécanismes neurobiochimiques stimulés par le cannabis au niveau de l’hypothalamus pourrait donc représenter une étape essentielle pour mieux comprendre et traiter ces désordres.

♦ (1) Wheeler EC et coll. Cannabis Sativa targets mediobasal hypothalamic neurons to stimulate appetite. Sci. Rep. 2023 ; 13:22970.

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